mardi 15 décembre 2009

Histoires de caméra-suite-






Nous nous sommes mis au vert depuis quelques jours pour continuer à profiter de notre voyage. L'idée de se retrouver au calme et fuir l'enfer urbain pour ne plus avoir affaire à des embrouilles ou autre menu larcin nous parait être la meilleure option. Nous avons donc posé notre tente au parc naturel Huerquehue, près de Pucon. Nous avons parcouru de magnifiques sentiers boisés perdus dans la montagne. Arbres centenaires et moussus, cascades et torrents fougueux, lacs et lagunes vert turquoise, sommets enneigés, perroquets multicolores, araignées noires et velues, insectes pénibles en tout genre. Que du bonheur. Notre colère s'apaisait. Nous parvenions à ôter de nos esprits ces maudits barboteurs de caméra. C'est à ce moment qu'est intervenu un nouveau coup du sort...

Un matin, au saut du matelas, nous découvrons un appareil photo numérique dans son étui oublié sur un banc à côté de notre emplacement de camping. La tentation de le garder est grande. Nous pourrions être méchants, mais nous savons fort bien à qui il appartient. La veille, deux Américaines ont passé la soirée à cet endroit précis, à siroter des bières face au lac.

Nous le gardons provisoirement avec nous le temps de se préparer pour la prochaine excursion. A 10h15, personne ne semble réveillé. Nous déposons donc l'appareil près de l'unique tente qui nous entoure en croyant bien faire. Nous partons en balade, avec la fierté d'avoir été réglo. Au retour, nous trouvons un message des filles qui semblent rechercher activement leur appareil. Nous comprenons alors que la tente où nous avons laissé la caméra n'était pas celle des Américaines... Et pourtant, il n'y avait rien d'autre à l'horizon. En cherchant mieux, nous découvrons l'emplacement des filles, planqué en contrebas. Et là, nous nous en voulons terriblement. Les boules. Après nous être fait piquer le nôtre, nous avons réussi à faire voler celui de deux autres voyageuses... C'est à vous décourager d'être honnête. Le soir, nous les retrouvons et nous leur expliquons comment nous avons merdé. Elles nous disent qu'elles ont vu le couple qui était dans l'autre tente avant qu'ils ne prennent le bus pour repartir (alors qu'ils étaient à peine arrivés la veille au soir...). Ils ne semblaient pas parler espagnol et ont seulement réussi à balbutier qu'ils s'étaient faits dérober leurs chaussures (précisément celles où nous avions déposé l'appareil). Coincidence ou mensonge? Plus nous en discutons, plus nous trouvons cette histoire louche.

A ce moment là, Nico n'a plus qu'une envie: régler leur compte à toute cette bande de pourris qui lui pompent l'air depuis ces dernières semaines. Il va investir dans l'achat d'un fusil de chasse et il va se la jouer justicier rustique. Il se concoctera un menu des grands jours. En entrée, il commencera par débouler dans la favela où crêchent les deux morveux qui lui ont confisqué son sac et il n'hésitera pas à tirer pour leur mettre du plomb dans la cervelle. Ensuite, en plat principal, il fera un détour par le commissariat où nous avons déposé plainte il retapissera les murs en rouge facon Terminator Premier. Il y aura du grabuge. Il va nous débarrasser de toute cette brigade de guignols en uniforme. Pour le dessert, il s'occupera des assureurs de la MAIF, qui pour l'heure refusent de nous indemniser. Avec eux, il optera pour la méthode lente facon Reservoir Dogs. Il passera leur sale tronche dans le broyeur de papiers. Et enfin, pour le digestif, le campeur merdeux. Il lui passera l'envie de loucher sur le bien d'autrui, à coups de pompes dans le citron.

Le lendemain, le scénario polar se poursuit: les Américaines se rendent au bureau des gardes forestiers et consultent le registre du camping. Le petit mec qui prétendait ne pas parler espagnol s'avère être Chilien et habite Pucon! Cette fois ci, c'est donc sûr, c'est lui qui a embarqué l'appareil et a été assez vicieux pour ne pas le rendre face aux deux filles qui le cherchaient. Nous prenons le bus avec elles et à Pucon, nous les accompagnons au commissariat pour témoigner et les aider dans leurs démarches. Nous nous sentons tout de même partiellement responsables, et aimerions que cette fois ci, justice soit rendue. Après une déclaration de vol aussi caricaturale que la nôtre à Valparaiso, nous allons boire un café avec elles, le temps que les flics sonnent chez ce fameux Fransisco Guttierez et l'interrogent. Nous apprendrons le lendemain par mail qu'il a rendu l'appareil à leurs propriétaires, la mémoire effacée. Heureusement, aujourd'hui, des petits malins sont capables de restaurer des données perdues. Les deux Américaines ont retrouvé 80 pour cent de leurs photos. Nous nous sentons plus légers et sommes vraiment contents pour elles. Nous espérons aussi que le jeune Fransisco a été sévèrement secoué par les flics et ses parents.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire