jeudi 11 février 2010

Esquel






Nous continuons notre remontée du continent en suivant la fameuse route 40, un des axes principaux qui traverse le pays du nord au sud, et qui pourtant n'a toujours pas été asphalté, autant dire que le trajet risque d'être long.

800 kms plus au nord, nous arrivons à Esquel. Pourquoi ne pas nous arrêter plus tôt en chemin et découvrir les bleds de Patagonie? Parce qu'il n'y en a pas, pardi! Nous avons du croiser 40 maisons en 12h de route, c'est dire...

Près d'Esquel, nous visitons le parc national "Los Alerces", du nom de l'arbre millénaire qu'il abrite. Or, l'alerce, vieux et rabougri, au tronc mou et à la forme classique d'un arbre quelconque, ne nous émeut pas plus que ça. Non, le vrai coup de coeur du parc provient de la découverte d'une autre famille d'arbres, les "Arrayanes", aux formes noueuses et de couleur cannelle. L'observer et le prendre en photo sera notre grande occupation pendant ces quelques jours.

Punta Tombo et les pingouins du désert


Nous continuons notre route vers le Nord. Nous quittons le froid de la cordillère pour gagner les côtes atlantiques. Nous avons eu précédemment trois occasions d'aller voir des pingouins au Chili et en Argentine, mais les aléas du voyage improvisé font que nous n'avons pas pu les observer.

Cette fois ci, nous ne les avons pas loupé. Une colonie gigantesque estimée à un million de têtes a élu domicile en plein désert. Les pingouins "Magallanico" (leur nom scientifique ne vous rappelle rien?) ont déserté la banquise et les latitudes australes du détroit de Magellan pour creuser leur nid sur cette partie de terre aride. Planqués entre les racines des buissons secs, les pingouins semblent s'adapter parfaitement à ce climat étouffant. On peut les voir souvent sortir à l'air libre, prendre de bons bols d'air chaud, fermer les yeux face au vent et arborer une expression de plaisir étonnant. Un chemin est tracé en zigzag au milieu d'un champ de mines perforé de toutes parts d'où vont et viennent les pingouins qui nous permet de marcher au milieu de ces sympathiques petits mammifères palmés. Peu méfiant, le pingouin se laisse approcher facilement, il serait presque possible de le toucher s'il ne mordait pas.


Les pingouins, c'est comme les humains, il y en a plein de types différents:
- les beaux spécimens, tout ronds, tout mignons, adorables, à donner l'envie de les caresser et de les dorloter.


- mais aussi les vilains, les gros, les moches, les sales, les répugnants, les repoussants, le ventre couvert de fiente, à moitié pestiférés ou lépreux, qui perdent leur plumage d'hiver à la saison chaude...

La péninsule Valdès






Après le spectacle attendrissant des pingouins de Punta Tombo, nous montons 300kms plus au nord pour voir d'autres bébêtes qui choisissent les côtes argentines pour se reproduire.

Mais à la différence du pingouin, le loup de mer pèse 400kgs, pousse des cris proches du mouton, et passe son temps à dormir sur la plage ou à se battre avec les autres mâles pour garder sa place de favori au sein du harem de femelles. Quand il se déplace, il s'écroule de tout son long tous les 20 mètres et s'étale comme une grosse limace, fatigué des efforts fournis pour soulever sa graisse.

L'éléphant de mer, c'est un peu la même chose, sauf que lui n'a pas de pattes antérieures pour avancer donc il rampe, mais il s'écrase aussi comme de la jelly anglaise toutes les 30 secondes. Il faut dire que le mâle pèse quand même 4 tonnes...

Cela rappellera à certains le moment où Mag, lors de son épopée grimsbérienne, avait déjà ennuyé tout le monde avec ses 50 photos de bébés phoques sur les tristes plages du nord de l'Angleterre. Nous avons tout autant mitraillé pendant ces trois jours, mais nous ne vous laissons que les meilleurs clichés. Vous aurez les 90 autres lors d'une soirée spéciale "Thalassa Magallanico" à notre retour!

dimanche 7 février 2010

La Patagonie, c'est grand!





Privés de notre troisième membre - la mamita ayant regagné ses pénates de banlieue parisienne- nous nous retrouvons livrés à nous mêmes en plein milieu des terres patagones. La madre est repartie fourbue mais heureuse d'El Calafate, au bord de l'épuisement après ces 15 jours de baroude à l'emploi du temps rempli à la japonaise. Quant à nous, nous reprenons un rythme d'escargot.

Il nous faudra deux jours pour aller au minuscule village de Bajo Caracoles, 500kms plus au nord qu'El Calafate, et deux jours pour en partir, les bus étant très rares dans cette partie de la Patagonie. Imaginez un désert et son immensité de néant. Imaginez une nature sèche, aride et plate, où toute forme de vie a abandonné les lieux. Imaginez une station service au milieu de nulle part, couplée à trois quatre maisonnettes délabrées. Imaginez deux malheureux hôtels sans vie pour accueillir les âmes égarées. Une route, ou plutôt une piste caillouteuse, traverse ce hameau perdu. Le bus s'arrête et nous, la goule enfarinée, nous descendons, peu optimistes sur les possibilités de balades dans les environs. Imaginez comme on peut tourner en rond pendant deux jours dans un lieu pareil. Nous trouvons refuge chez l'habitant, chez Yvanna, une Uruguayenne émigrée dans ce trou depuis 40 ans et étonnamment amoureuse de ce bout de terre paumé. Yvanna nourrit aussi une passion pour le Dakar, les clopes et internet (en hiver). Grâce à elle et à sa Fiat sans essieu ni portière passager, nous visitons le canyon des peintres et "la cueva de los manos", deux sites splendides mais impossibles à atteindre sans véhicule. Vu le décor, vous imaginez bien que le stop ne marche pas du tonnerre par ici...

El Chalten



Quand on vous dit que ça souffle en Patagonie!