mardi 13 juillet 2010

LE RETOUR

Le dernier message surprise, un peu plus tard que prévu...
Malgré tous nos messages et révélations, nous vous avions caché une chose depuis l'an dernier: nous avons noté un tas de chiffres et statistiques sur des détails plus ou moins insignifiants, mais qui donnent une idée de l'ampleur du périple.
Il est maintenant temps de divulguer tout cela pour conclure l'aventure des baruderos...

Ainsi :

Nous avons passé 315 jours en Amérique latine.

Nous avons parcouru 60840 kms, dont 40680 sur le continent, soit une fois et demi le tour de la planète.

Nous sommes montés au maximum à 5300m et descendus à 2.50m sous l'eau.

Nous avons fait 28h d'avion, 86h de bateau et 527h de bus.
Nous avons dormi dans 96 hôtels/auberges/pensions plus ou moins pouraves, 13 campings, 4 refuges et quelques nuits en pleine nature, chez l'habitant ou dans des logements tellement médiocres que l'on a pas pu leur donner un qualificatif.

Nous avons fait 30 lessives, soit une tous les 10 jours, ce qui signifie que nous avons pué environ un jour sur deux...
Nous avons eu 134 jours de pur soleil, 96 jours de soleil avec des nuages, 51 jours où soleil, nuages et pluie ont fait leur apparition, 20 jours nuageux et 14 jours de pluie.

Nico totalise 385 piqûres de moustique, Magali 200, ce qui confirme que le meilleur anti moustique de Mag, c'est Nico.
Notre repas pour deux le moins cher nous a coûté 85 centimes d'euro (Bolivie), le plus cher 55 euros (les 30 ans de Nico à Quito).

La nuit la moins chère nous a coûté 4 euros à deux (Copacabana en Bolivie), la plus chère 54 euros (refuge du Torres del Paine au Chili).

Nous avons passé une soirée, une journée, une excursion, un week end, un trajet en bus ou un dîner avec:
67 Français6 Belges
7 Américains
6 Hollandais
1 Israélien (qu'on aurait préféré ne pas connaître)
2 Australiens
3 Espagnols
1 Chinoise (qui se disait Hollandaise)1 Coréenne
2 Allemands
3 Italiens
2 Anglais (qui s'appelaient tous les deux Richard)
2 Suisses
1 Indien-Colombien

et bien évidemment des milliers de Sud Américains...
Nous estimons avoir mangé 350 tonnes de riz blanc, 800 poulets, 68 troupeaux de boeuf, 30.5 lamas, 1500 livres de haricots rouges et 8052kgs de patates.
Nous avons été victimes de deux agressions à main armée, une arnaque à la terrasse d'un café qui nous a coûté deux bières, un tremblement de terre et un accident de voiture. Nous avons été délestés d'un sac à dos, 2 appareils photos, une caméra, une paire de lunettes, du matériel de dessin, une paire de sandales et un livre de grammaire espagnole.

Nous avons accidentellement cassé un appareil photo, perdu un jean, une pince à épiler, deux paires de lunettes de soleil... et perdu aussi beaucoup de temps à attendre des bus.

Pour finir, un extrait d'une chanson qui nous trotte dans la tête sur la route et qui nous semble être la meilleure conclusion à ce voyage..
Quelqu'un saurait-t-il la reconnaitre?
Je me suis cassé un matin, Des fourmis au fond des chaussures, Mon destin dans un sac à dos pour lui faire prendre un peu d'air pur. J'ai dit au-revoir à mon voisin Qui, lui, ménageait sa monture, Investissant en idéaux Qui finissaient au vide-ordures, Et, d'un anémique salaire Nourri au sein de mes rêveries, J'ai fait un genre de montgolfière Gonflée au vent de mes envies Qui m'a fait sauter les frontières Et qui m'a fait sauter la dalle Et m'a rendu riche Même si j'ai pas trouvé l'Graal.
.... J'suis parti visiter des terres, Pas seulement virginales, aussi Professionnelles en la matière D'en faire voir de toutes les couleurs. J'ai usé des tas de paires de pompes Au bitume de tas de pays Sans pour autant que ne s'estompe Ma fringale d'aller voir ailleurs. Enfouir mes yeux dans les nuages, Dans les cavernes de Cromagnon, Au sommet du dernier étage Ou dans la cave qu'est tout au fond, Rencontrer d'autres personnages, Des Saints Pères et des têtes de con, que dire, qu'on soit méchants ou sages : On est tous bons... Pour la casserole!


samedi 10 juillet 2010

Descente vers Bogota


Nous approchons de la fin. Enfin ou déjà, selon le point de vue.
Nous passons nos derniers jours à flâner dans les petits villages de Giron, Barichara et Villa de Leyva. Nous nous laissons vivre doucement, sans plus courir par monts et par vaux à la recherche d'aventures. Nous profitons simplement de ces dernières heures de liberté en terre sud américaine en méditant sur notre trajet accompli, sur ces kilomètres de routes et tous ces moments de vie singuliers qu'offre un si long voyage.


Nous repensons avec un léger pincement au coeur à toutes ces merveilles que nous allons bientôt quitter: ces paysages à couper le souffle, ces marchés qui fouettent avec leurs fruits qui jutent et ces rencontres improbables qui illuminent le voyage.
Ces merveilles, mais aussi ces galères. Nous nous réjouissons à l'idée de retrouver le confort européen. Finies les heures d'attente stupides pour un bus qui ne se décide pas à arriver ou à partir. Finies également les interminables palabres pour négocier le prix d'un toit, d'une pitance ou d'un bus.
Enfin, fini le blog. Sans vouloir saupoudrer trop de dorure sur le tableau que nous avons dressé à travers ces quelques pages sur le continent latino, nous avons essayé de restituer des moments forts avec des mots simples et de saisir le grandiose en quelques clichés réduits et pixellisés.
Néanmoins, nous avons également eu notre compte en sordide, même si nous en avons moins parlé. De multiples maux frappent ce demi continent où l'homme est petit. La misère ronge les gueules, la pauvreté s'étale sur les trottoirs et vous guette au coin de la rue pour vous tomber dessus. Le spectacle du voyage n'est pas un idéal permanent. Parfois on patauge dans la poisse, on respire la crasse, et on serre les fesses pour qu'il ne nous arrive rien. Mais au final on se sent bien vivant. Un voyage, ca vous réveille les sens, ça vous secoue la conscience et ça vous apprend à faire le tri dans vos idées.


En rentrant, nous savons que l'ordinaire va reprendre ses droits sur nos vies. Et paradoxalement, nous trépignons d'impatience de retrouver ces gestes quotidiens les plus banals. Nous rêvons de petit dej' au plumard avec une cafetière pleine à portée de main. Nous avons aussi des heures de lecture en retard, des heures de visionnage de films à rattraper. Nous piaffons à l'idée de savourer une cuisine digne de ce nom avec de savoureux menus arrosés copieusement d'un exquis nectar rubis. Finies les sempiternelles et tristes plâtrées de riz blanc indissociables des frites trop grasses qui accompagnent toujours les maigrelettes semelles de carne servies tiédasses. Nous salivons chaque jour en nous remémorant nos chères spécialités du chef métropolitaines. Les trésors de l'assiette française sont uniques, c'est dorénavant une certitude. En cuisine, les patrons c'est les Frenchies.
Toutes ces bonnes choses auxquelles on dit adieu en partant sur les chemins...
Heureusement, à Villa de Leyva, un boulanger Français a eu la bonne idée de s'installer et garnit sa vitrine de bons pains et viennoiseries dorés auxquels nous ne pourrons résister après dix mois de diète.


Nous éprouvons un sentiment complexe, une joie infinie de retourner aux sources mêlée à une pincée de tristesse en voyant poindre la sortie de route et se tourner la page d'une histoire sans pain. Nous allons rentrer le sourire aux lèvres et la larme à l'oeil en abandonnant cette liberté immense de circuler partout et nulle part comme bon nous semble. Nous jetons déjà un regard rétrospectif ému sur cette année enrichissante, comme une parenthèse heureuse de découvertes et d'émotions fortes. Nous redoutons avec appréhension le retour, la perte de cette liberté à laquelle nous avons pris goût. Rien n'est plus grisant que d'être intégralement maître de son destin. Sans se comparer aux pionniers qui ont posé le pied sur ces terres sans carte et sans guide, nous avons malgré tout empoussiéré et rincé nos mirettes sur un chouette paquet de bouts du monde. Nous avons approché l'extase à plusieurs reprises. La redescente risque d'être sévère, mais les retrouvailles prochaines qui s'annoncent devraient nous permettre d'avaler la pilule. Nous avons hâte de revoir vos petites têtes familières avec vos humeurs joviales ou vos coups de sang. Vous nous manquez! On vous aime!


PS: dernier message surprise demain! Restez attentifs!

jeudi 1 juillet 2010

Tayrona



Pour commencer à nous recaler sur le rythme européen, nous décidons de prendre des vacances paradisiaques!
Toujours sur la côte caraïbe, nous nous offrons une partie de détente bien méritée au parc naturel le plus connu et visité de Colombie. Nous comprenons vite pourquoi: une montagne tropicale plonge dans une mer turquoise, à 27 degrés, bordée de cocotiers élancés et de roches millénaires. Nous trimballons nos gros sacs en dégoulinant de sueur sur des sentiers boueux au milieu de cette forêt vierge. Arrivés au premier camping, nous déplions la tente pour la dernière fois du voyage sous un arbre aux fruits mous, verdâtres et non identifiés qui noircissent en pourrissant avant de se décrocher et de venir souiller notre belle tente orange. En repartant, il nous faudra frotter, gratter et brosser les résidus collants séchés de cet arbre étrange...

Les cocotiers sont un autre danger permanent car parfois, sans crier gare, les noix de coco tombent de 20m de haut, nous frôlent l'épaule et s'écrasent au sol dans un bruit sourd. Nous apprendrons rapidement à nous tenir à distance de ces arbres mortels.

Les dangers sont innombrables à Tayrona: les araignées et serpents multicolores ainsi que les moustiques, fourmis jaunes rouges et insectes géants encore moins identifés sont d'autres nuisances fréquentes avec qui il faut partager le quotidien. Mais les paysages, les crabes et lézards bleus et le calme ambiant permettent à tous les visiteurs d'oublier la menace rampante qui se cache sous chaque feuille et chaque rocher. De temps en temps, il faut lever les yeux au ciel, car on a parfois la chance d'observer des singes qui s'élancent de branche en branche pour traverser la forêt, un spectacle qui nous ravit toujours.

Nous restons quatre jours à cohabiter avec toutes ces bêtes et repartons vers le sud où l'avion nous attend le 17 juillet...

Carthagène

Nous reprenons le bus, direction Medellin, citadelle du cartel de la drogue et haut lieu de la salsa. La ville promettait d'être animée. Malheureusement, nous ne rencontrons que des avenues hideuses à rendre malades les architectes en vogue à l'époque du bloc de l'est. Ici, pas de ruelle colorée, place aux immeubles et aux échoppes tristes. Même Pablo Escobar a déserté les lieux. Pire, le "quartier rose", réputé centre de la vie nocturne et bijou architectural, ne doit finalement son nom qu'aux rangées de tours en briquette rose... Les autres sites répertoriés à l'office du tourisme ne consistent qu'en rues commerciales passantes et en alignements de restos lounge et de banques aux facades pompeuses. Nous passons. Le compte à rebours avant notre retour s'étant déclenché, nous cherchons à profiter un maximum de nos dernières semaines. Peu enthousiasmés, nous ne perdons pas de temps à tenter de dénicher la perle rare dans ce sinistre lieu.
Une nuit de bus plus tard, nous arrivons sur les rivages des Caraibes. A Carthagène, nous retrouvons enfin une cité d'envergure. Sorte de Syracuse latino-américaine, la péninsule est un petit havre de tranquillité. Nous passons nos journées en déambulation placide et Nico remplit à l'ombre quelques pages de carnets de croquis. La vieille ville fortifiée exerce un charme sur tous et devient le centre d'attraction du pays.

Nous faisons un saut à Playa Blanca, mini station balnéaire aux allures paradisiaques, à seulement une demi heure en bateau du centre ville. Ses eaux cristallines et ses palmiers ne nous décideront pourtant pas à rester plus d'une journée. Assiégés par des hordes de moustiques voraces, de puces coriaces et de vendeurs à la sauvette non moins tenaces, la carte postale en prend une sérieuse corne. Entre deux piqûres, nous rencontrons Cristian, le sympathique Chilien au slip fluo, avocat pour enfants maltraités à mi temps et joueur de poker l'autre moitié du temps.
Après cette escapade éclair, nous regagnons la civilisation où nous retrouvons Cristian par hasard. D'ailleurs, à Carthagène, tous les voyageurs de Colombie se croisent. Nous retrouvons ainsi Anne, la Française, compagnonne de route en Argentine quatre mois plus tôt, avec qui nous passons deux soirées à échanger nos histoires de baroude. Nous retrouvons aussi Federico l'Italien, vu pour la première fois à Salento, dans la région du café. Nous faisons également la connaissance de quatre Frenchies adeptes du "calimucho", ou du "communard" selon vos origines régionales. Le temps passé avec chacun d'entre eux, et une semaine s'est écoulée... . Nous replions nos affaires et reprenons la route.