samedi 10 juillet 2010

Descente vers Bogota


Nous approchons de la fin. Enfin ou déjà, selon le point de vue.
Nous passons nos derniers jours à flâner dans les petits villages de Giron, Barichara et Villa de Leyva. Nous nous laissons vivre doucement, sans plus courir par monts et par vaux à la recherche d'aventures. Nous profitons simplement de ces dernières heures de liberté en terre sud américaine en méditant sur notre trajet accompli, sur ces kilomètres de routes et tous ces moments de vie singuliers qu'offre un si long voyage.


Nous repensons avec un léger pincement au coeur à toutes ces merveilles que nous allons bientôt quitter: ces paysages à couper le souffle, ces marchés qui fouettent avec leurs fruits qui jutent et ces rencontres improbables qui illuminent le voyage.
Ces merveilles, mais aussi ces galères. Nous nous réjouissons à l'idée de retrouver le confort européen. Finies les heures d'attente stupides pour un bus qui ne se décide pas à arriver ou à partir. Finies également les interminables palabres pour négocier le prix d'un toit, d'une pitance ou d'un bus.
Enfin, fini le blog. Sans vouloir saupoudrer trop de dorure sur le tableau que nous avons dressé à travers ces quelques pages sur le continent latino, nous avons essayé de restituer des moments forts avec des mots simples et de saisir le grandiose en quelques clichés réduits et pixellisés.
Néanmoins, nous avons également eu notre compte en sordide, même si nous en avons moins parlé. De multiples maux frappent ce demi continent où l'homme est petit. La misère ronge les gueules, la pauvreté s'étale sur les trottoirs et vous guette au coin de la rue pour vous tomber dessus. Le spectacle du voyage n'est pas un idéal permanent. Parfois on patauge dans la poisse, on respire la crasse, et on serre les fesses pour qu'il ne nous arrive rien. Mais au final on se sent bien vivant. Un voyage, ca vous réveille les sens, ça vous secoue la conscience et ça vous apprend à faire le tri dans vos idées.


En rentrant, nous savons que l'ordinaire va reprendre ses droits sur nos vies. Et paradoxalement, nous trépignons d'impatience de retrouver ces gestes quotidiens les plus banals. Nous rêvons de petit dej' au plumard avec une cafetière pleine à portée de main. Nous avons aussi des heures de lecture en retard, des heures de visionnage de films à rattraper. Nous piaffons à l'idée de savourer une cuisine digne de ce nom avec de savoureux menus arrosés copieusement d'un exquis nectar rubis. Finies les sempiternelles et tristes plâtrées de riz blanc indissociables des frites trop grasses qui accompagnent toujours les maigrelettes semelles de carne servies tiédasses. Nous salivons chaque jour en nous remémorant nos chères spécialités du chef métropolitaines. Les trésors de l'assiette française sont uniques, c'est dorénavant une certitude. En cuisine, les patrons c'est les Frenchies.
Toutes ces bonnes choses auxquelles on dit adieu en partant sur les chemins...
Heureusement, à Villa de Leyva, un boulanger Français a eu la bonne idée de s'installer et garnit sa vitrine de bons pains et viennoiseries dorés auxquels nous ne pourrons résister après dix mois de diète.


Nous éprouvons un sentiment complexe, une joie infinie de retourner aux sources mêlée à une pincée de tristesse en voyant poindre la sortie de route et se tourner la page d'une histoire sans pain. Nous allons rentrer le sourire aux lèvres et la larme à l'oeil en abandonnant cette liberté immense de circuler partout et nulle part comme bon nous semble. Nous jetons déjà un regard rétrospectif ému sur cette année enrichissante, comme une parenthèse heureuse de découvertes et d'émotions fortes. Nous redoutons avec appréhension le retour, la perte de cette liberté à laquelle nous avons pris goût. Rien n'est plus grisant que d'être intégralement maître de son destin. Sans se comparer aux pionniers qui ont posé le pied sur ces terres sans carte et sans guide, nous avons malgré tout empoussiéré et rincé nos mirettes sur un chouette paquet de bouts du monde. Nous avons approché l'extase à plusieurs reprises. La redescente risque d'être sévère, mais les retrouvailles prochaines qui s'annoncent devraient nous permettre d'avaler la pilule. Nous avons hâte de revoir vos petites têtes familières avec vos humeurs joviales ou vos coups de sang. Vous nous manquez! On vous aime!


PS: dernier message surprise demain! Restez attentifs!

2 commentaires:

  1. J-1 Eh oui la vie reprend son cours normal ,mais votre avenir (que les mamans ,mamies attendent avec impatience ! ) n'est que joies futures .
    Je suis sure que les voyages feront partie de votre vie et la beauté du monde vous appartient

    I LOVE YOU Mum dany

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  2. bravo jolie conclusion a cette belle annee de baroude.
    Mais Nico, a voir ta mine rejouie devant des viennoiseries digne de se nom, je pense que le retour se fera en douceur.
    Et puis vive la bonne bouffe francaise, mooOonsieur!
    La bise a vous deux les amis

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