dimanche 24 janvier 2010

Le parc Torres del Paine





Dans cette partie de la Patagonie de plaines infinies, s'érige une forteresse naturelle dont les sommets abrupts accrochent les nuages. Le mystère et la beauté que dégage cette citadelle exceptionnelle attire une foule de trekkers du monde entier. Des sentiers sur plusieurs centaines de kilomètres, ce parc est le paradis du trekker. Le trekker, c'est une sorte de marcheur, en plus cool, qui vient ici en pélerinage pour en baver. Monter, descendre, remonter, dans la boue, à travers les torrents, les ponts de bois branlants, il vient chercher l'aventure.
Le trekker, c'est comme un randonneur lambda, à l'exception près qu'il est équipé de plus grosses pompes et de matos de compet': il se trimballe en permanence son sac lourd et volumineux contenant tente, fringues, popotte et nourriture de survie, le tout estampillé DOITE, la marque branchée pour ceux qui aiment camper dans la gadoue. Les baruderos, quant à eux, restent fidèles au réchaud Bleuet Gaz de France des sixties. Le trekker, c'est le jet setter de la rando. On le croise sur tous les bons "spots". C'est un peu le surfeur "West Coast" des cimes accidentées... Jamais saoûlé, il enchaine les conquêtes, et aucun sommet ne lui résiste. A ce propos, nous aimerions citer le brillantissime penseur à voix chevrotante Didier Super: "Arrête de t'la péter!"
Mais revenons-en à nos moutons, ou plutôt, à nos guanacos (c'est la bestiole qu'on voit brouter par ici sur le bord de la route).

Bref, cet endroit est un miracle de la nature, véritablement sidérant, magique et époustouflant. Nico, qui n'a jamais voulu entendre les croyances farfelues ou autres élucubrations des curetons ayatollesques bornés et fondus du ciboulot avoue avoir ressenti une présence divine en ce lieu.
Cette forteresse est surgie des entrailles de la Terre dans une région où rien ne pousse... Ce parc est le jardin des Dieux. C'est une création fantastique, un prodigieux château de roches aux créneaux finement taillés, bordé de douves lagunes émeraudes. Ce parc est un chef d'oeuvre, dessiné par un architecte génial. Sur les flancs de la montagne, une banderole minérale beige clair marque une frontière infranchissable au delà de laquelle s'étend le royaume des dieux au sein des noirs sommets à pics voilés par les nuages. Nico en est persuadé...

Nous allons rester 5 jours dans ce parc titanesque pour n'en visiter qu'une infime partie.

Le premier jour de notre excursion, nous traversons de vastes plaines battues par des vents inhospitaliers. Nous franchissons une colline et nous découvrons une rivière et une lagune qui composent un tableau vivant stupéfiant. Nous posons notre tente au bord du lac Pehoe sous un buisson à l'abri des bourrasques. Nous trouverons difficilement le sommeil, mais, rompus par la fatigue, nous sombrons finalement. Nous croisons longtemps les doigts pour que la tente tienne le choc. Elle résistera toute la nuit.

Le lendemain, Danielle se lève la première, prête pour une longue journée de marche. Elle a visiblement apprécié sa première nuit de camping depuis des lustres...Nous nous enfilons un café soluble et quelques tartines, puis nous commençons une balade le long du lac Grey. Nous apercevons, de ci de là, des glaçons géants, tout bleu, décrochés du glacier principal et qui flottent dans les eaux vertes et opaques du Lago Grey. Le glacier est formé de glaces millénaires qui plongent dans le lac comme une vague de neige figée. Nous rebroussons chemin pour retourner au campement, où nous préparons un savoureux dîner. Au menu: soupe lyophilisée, pâtes au thon en boite accompagnées d'une succulente sauce tomate en sachet. Ensuite, le vent redouble de puissance. Nous réancrons solidement la tente au sol avant qu'elle ne s'arrache. Nous nous couchons avant le soleil pour un repos bien mérité.

Le toisième jour, nous nous réveillons sous la pluie. Nous attendons une accalmie pour plier nos affaires. A midi, nous pouvons enfin partir. Danielle est toujours en forme. Elle suit le rythme avec énergie. Son planté de bâton reste franc et son pas rapide. Il faut parfois lui demander de ralentir. Malheureusement, les sentiers, sous l'effet des précipitations, se transforment en bourbiers. Nous nous frayons un passage entre les flaques jusqu'à la "vallée du Français" et entamons une ascension spectaculaire au milieu des pierres, torrents et cascades. Nous sommes envoûtés par le paysage. Nous en oublions notre gourde en route. En fin de soirée, nous rejoignons un refuge chaleureux, où nous attendent de véritables lits en dortoir. Le vent est toujours là et maltraite la toiture de notre logis, mais nous apprécions avec le sourire cette cohabitation confortable.

Le quatrième jour, le soleil revient et redonne toutes ses couleurs au parc. Une journée splendide commence. Nous embrayons pour le sentier des tours, pied au plancher. Le dénivelé s'accentue. Nos sacs pèsent de plus en plus lourd et lacèrent nos épaules. Le vent devient impitoyable. Certaines rafales dépassent les 100km/h. Elles nous bousculent et manquent à maintes reprises de nous flanquer par terre. Nous avançons doucement et prudemment. A chaque pas, nous assurons nos appuis pour éviter le déséquilibre et basculer dans le vide. Les vents semblent nous signifier que nous ne sommes pas les bienvenus dans ce sanctuaire divin. Nous tenons bon et gravissons les pentes ardues menant au prochain refuge en altitude. Une petite frayeur pour Danielle au franchissement du dernier pont suspendu à l'entrée du refuge. Nous posons nos sacs en vitesse et dans un dernier effort, un dernier élan de bravoure, nous escaladons les derniers pierriers sablonneux qui concluent ce chemin de croix. On en a bavé pour arriver si haut mais le panorama au bout de la sueur en vaut véritablement la peine. Le parc nous dévoile enfin son secret: trois prodigieuses tours dressées vers le ciel qui trempent leurs pieds dans une lagune aux teintes nacrées. D'ordinaire enveloppées dans les nuages, nous recevons comme un présent céleste cette vision ensoleillée des tours. Arrivés tardivement, le site semble déserté par les touristes. Nous méditons un long moment en silence.

1 commentaire:

  1. Hummmm du foie gras et des terrines!!!!
    Mais vous l'avez bien mérité.
    Maintenant vous pouvez l'escalader cette montagne.
    Et puis j'adore ce bon esprit critique, du pinailleur qui ausculte le matériel de ce qui se la pètent.
    Haha les trekkers, ils me font bien marrer.
    Mais peut etre bientôt seras-tu dans la confrérie?
    Pour l'heure vous deux avec des sacs plastique au pieds, vous êtes recallé!!!Trop de style!

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