vendredi 26 mars 2010

Iquique


La nouvelle et dernière étape au Chili nous a amené sur les côtes d'Iquique. Nous trouvons refuge dans une petite auberge de surfeurs cools, au tarif modéré et par conséquent à la propreté approximative. Ambiance planche/pétards/picole. Le surfeur est un compagnon agréable mais peu apte à l'effort. Le ménage, c'est pas son truc. Le surfeur, sachez-le, retourne sa combinaison plusieurs fois avant de la laver.

La journée du surfeur commence tard. Il ouvre un oeil à dix heures. Il se rend compte qu'il dort dans le canapé du couloir, au milieu des cendriers renversés et des bouteilles vides. Il se lève pour pisser. Il ne ferme pas la porte derrière lui. Il se recouche en se rinçant la bouche à la bière éventée. Il comate jusqu'à midi puis se prépare un oeuf brouillé. En attendant que ses potes se réveillent, il fait une petite partie de Playstation. Il part faire des courses et ramène des bières. Il grimpe sur le toit et scrute l'horizon pour savoir si aujourd'hui la vague est bonne. Il attend encore un peu. C'est trop tôt pour surfer. Il est 16h, il croûte toujours à l'auberge. Il roule un nouveau joint. Son pote retourne chercher des bières. 18h, ca y est, il décolle, direction la plage. Il se jette à l'eau et s'en donne à coeur joie. Ca glisse, ça gicle, ça coule, ça claque, c'est du kiff. Et puis une heure plus tard, c'est fini. A 19h, le soleil se couche, le surfeur rentre à l'auberge. Il se prend une douche et une nouvelle bière. Si la douche est occupée, il ne prend que la bière. Il parle des vagues du jour. "Elles étaient pas trop mal aujourd'hui". Ensuite, il faut préparer le barbecue dans la cour. Ca prend du temps de faire de la braise. Les heures tournent autant que les joints, alors en attendant, il reprend une bière. Ah merde, ca y est la viande est trop cuite. Tant pis, ça se bouffe quand même. Et maintenant, pour digérer, une petite bière. La dernière, après on se couche. On aime bien les surfeurs, ils sont pas chiants: un peu de vagues, un peu de bière, un peu de weed, et ils sont contents.

Bref, Iquique nous offre une halte agréable. Son littoral de plage avec ses pélicans noirs qui couinent comme des cochons, son quartier du vieux marché bordélique, son centre historique colonial à fière allure...



Tout se passait paisiblement... jusqu'à ce que la terre se mette à trembler de nouveau à Santiago. La peur s'empare vite des esprits. En effet, depuis un mois et le premier séisme meurtrier à Concepcion, le Chili a été secoué par 400 répliques et vit dans la crainte. Les rumeurs s'affolent. Un tsunami menaçerait de déferler sur les côtes d'Iquique! Tout le monde panique, nous alerte, se précipite dans sa voiture et tente de s'enfuir vers la colline surplombant la ville. C'est impressionnant d'assister à des mouvements de foule pris de panique. La peur, très contagieuse, se transmet à vitesse éclair. L'instinct de survie rend débile.


En une heure, l'évacuation de la ville se fait dans le désordre. Les artères se bouchent rapidement, les klaxons hurlent, les automobilistes s'entassent contre toute logique dans les embouteillages. Nous passons sereinement à côté sur le trottoir. Dans un élan de bravoure idiote, nous décidons de repasser à l'auberge pour sauver la pochette de dessins de Nico et les cassettes du voyage. L'auberge étant à cinquante mètres de la plage, nous retraversons la ville à contre sens de la marée humaine fuyant la côte. En arrivant, nous trouvons les surfeurs hilares. Pour eux, pas de danger. Des agents de la mairie, qui s'affairent à contredire les rumeurs galopantes dans le quartier, nous rassurent ainsi que tous les passants inquiets. Rien à craindre ici, nous sommes vraiment trop loin de l'épicentre pour craindre la submersion. Le doute plane et l'inquiétude demeure encore quelques heures, les regards braqués vers la plage pour déceler un mouvement d'eau suspect. L'adrénaline collective retombe progressivement et enfin les rues se désengorgent. La vie reprend son cours et la petite ville d'Iquique retrouve son rythme flottant.

PS: Nous avons eu des nouvelles de Philippe de Castres. Il est vivant. Il est bien rentré grâce à un vol improvisé Mendoza Buenos Aires.

PS 2: Merci pour la branlée du 21 mars!

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