vendredi 26 mars 2010

Le canyon du Colca


Nous avons quitté Arequipa et notre cher comptoir du Mono Blanco pour nous enfoncer dans la montagne et changer d'air. Après quelques kilomètres, la ville s'efface, et de petits villages fleurissent sur le bord de la route. Nous pénetrons dans les terres de tradition. Maisons en torchis, tenues brodées et bariolées, l'atmosphère change. Dans le bus, une Péruvienne monte à bord, accompagnée de son lama! Nous arrivons à Cabanaconde, notre point de départ pour les 3 jours de rando qui nous attendent.
Le canyon du Colca serait l'un des plus profonds du monde, mais les chiffres divergent: 3000m de fond selon les manifestants, seulement 1000 selon la police. Qui croire?

Alors que nous descendons les premières pentes, un orage se forme au dessus de nos têtes. Nous pressons le pas pour ne pas nous faire foudroyer. Nous arrivons en bas du canyon en un temps record, sacrifiant nos genoux et nos mollets. Finalement l'orage n'éclate pas. Nous faisons une pause dans le lit de la rivière avec un compatriote, Také, qui lui, s'est engagé dans un marathon de 15 jours de marche à travers les montagnes avec pour tout matériel un poncho, un tapis de sol mité et des galettes de blé. On ne sait pas si on doit l'admirer ou craindre pour sa vie.


Notre première halte est prévue au village de Pallca, où nous sommes censés retrouver Florent et Henri, nos acolytes alcooliques du Mono Blanco. Mais nous sommes accueillis par le néant humain et le trop plein de bourdons noirs qui nous rasent et qui forment une sorte de couche d'ozone sonore au dessus de nos têtes. On scrute, on guette, on hèle, on cherche et on finit par trouver un papi qui nous confirme que Pallca est un village mort et nous indique la direction de Llahuar pour trouver refuge. Nous y arrivons fourbus mais une récompense de taille nous attend: une auberge coquette accrochée à la falaise, des huttes au bord de l'eau en guise de chambre et surtout des piscines d'eau thermale à 30 degrés, dans lesquelles nous retrouvons Také le montagnard barbotant comme un enfant. Cependant, pas de nouvelles de Florent et Henri. On espère qu'ils n'ont pas fait fausse route et nous pensons encore les croiser le lendemain.


Le lendemain, nous sommes contraints de repasser par Pallca-la-bourdonnante. Nous y retrouvons le papi de la veille, qui a visiblement passé une mauvaise nuit et nous envoie promener à grands renforts de bougonnements et de gestes vifs du bras gauche quand nous lui demandons le chemin. Nous retrouvons néanmoins le sentier. A une intersection, des flèches blanches nous proposent d'aller à gauche et de grimper sec pour passer un col. Mais à droite se dessine un autre chemin plus plat et qui semble aller dans la bonne direction. Nous choisissons la facilité. Mais malheureusement, au fur et à mesure, le chemin se rétrécit, se dérobe sous nos pieds et se perd à flanc de montagne, nous contraignant parfois à nous agripper à de maigres racines. Au bout de vingt minutes, nous estimons que la baroude se rapproche de l'inconscience. Nous rebroussons chemin à quatre pattes, sur les fesses et la sueur dégoulinante. A l'intersection maudite, nous redevenons disciplinés et suivons les flèches. A cause de ce petit détour, nous entamons la montée en pleine cagnasse et nous déséchons à chaque lacet. Nico tente de se rafraîchir en mangeant un fruit de cactus mais se colle des épines plein les doigts pendant l'épluchage. L'ascension nous parait interminable et les efforts injustifiés, puisque, passé le col, nous allons devoir tout redescendre. Mais encore une fois, une belle surprise nous attend à la fin de la journée. L'oasis de Sangalle est un site enchanteur: piscine, palmiers, arbres fruitiers, verdure au milieu d'un terrain aride...
Mais, toujours pas de signe de vie de Florent et Henri. Cette fois, on pense qu'ils sont perdus.


Le lendemain, il faut remonter d'une traite tout le canyon. Heureusement, en partant à la fraîche, sans hésitation sur le trajet et avec beaucoup d'eau, nous arrivons en haut sans trop de difficulté. Nous rentrons à Arequipa et après une bonne douche, nous filons.... au Mono Blanco! Nous y retrouvons un message de Florent et Henri. Ils ne sont finalement pas venus au canyon, préférant aller à Cusco. Voilà le mystère résolu. Nous pouvons siroter notre pisco sour tranquillement, comme à la maison.

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